A400M: Hors série Air et cosmos, avec un DVD humoristique inside

Je me suis procuré aujourd’hui un hors-série du magazine Air & Cosmos dédié à l’Airbus Military A400M. Vous pouvez le trouver en kiosque au prix de 7€, 100 pages, de belles photos, un beau condensé de l’histoire du programme ; bref, une lecture intéressante pour un prix modique. Si il vous reste un peu d’argent en poche, vous pourrez trouver pour 5,90€ supplémentaire une offre spéciale avec un DVD pompeusement nommé « Airbus A400M, Le prodige du transport militaire », signé de Gilles Espieussas.

 Débutant dans le milieu, j’ai bien du mal à dire ce que je pense de certaines choses pour ne pas me mettre du monde à dos, surtout quand on sait que ce sont les bons contacts qui font avancer les choses dans le bon sens. Mais là…
Le montage, zéro. La musique, zéro. L’intérêt de la vidéo, presque zéro.
Moi qui suis pourtant un féru d’aviation militaire, je dévore le moindre DVD, même si l’ensemble des productions que l’on trouve sont souvent très en deçà de ce qui se fait pour autre chose, ou d’une production pour le cinéma. Mais là c’est vraiment le pompon.

Au début ça commence bien, avec une mise en bouche sur les débuts
de l’aviation militaire de la première guerre mondiale, et de l’essor du transport aérien lors de la seconde guerre mondiale avec le concours des Junker Ju-52, les Dakota DC3, et… Le Noratlas. Ouch ! Première imprécision, l’avion a volé en 1949… Bref, continuons, les pépins ça arrive, ça n’aura pas été remarqué au visionnage avant de les envoyer en presse, passons. Nous voyons donc ces trois beaux bijoux faire quelque passage, et puis apparait un nord 262, qui nous fait un long décollage, sans commentaires. Le commentateur a dû couper son micro trop rapidement peut-être.

Et là, changement de tempo ! Une musique rock qui nous fait sauter du fauteuil nous annonce le chapitre suivant, « les forces aériennes de projection ». S’ensuit une série d’image avec un texte faisant l’apologie du travail de nos forces, avec un texte qui s’éloigne un peu du sujet, et surtout qui n’a aucune suite logique avec ce que nous venons de voir. La genèse en 2mn20, et paf, le besoin des forces. Comme on dit « sans transition, bonsoir ! ». Voyez la capture ci-dessous, c’est comme ça durant deux minutes, avec un viseur de sniper incrusté dans la vidéo. C’est long.

 Pourtant il y avait tant de manière d’aborder le sujet, comme par exemple une opex récente et les chiffres logistiques qui vont avec ; entre l’Afghanistan, le Liban, l’Afrique, les sujets ne manque pas ; ou encore les besoins d’aérotransport pour une compagnie type de X-Homme et Y-Véhicules. Bref, une fois de plus, passons. On en est à 4mn de film, les choses devraient s’améliorer par la suite quand on rentrera dans le vif du sujet. Clairement l’introduction n’est pas bonne. Petite image rigolote, à 4’’22, ça parle de la Resco, et on voit un pilote en train de faire la sieste comme vous pouvez le voir ci-dessous.
Ha on me fait signe que je m’éloigne du sujet. Hé mais ce n’est pas de ma faute ! Bon ok, j’ai peu être eu une mauvaise journée, je vais tenter d’être un peu moins mauvaise langue.

  Ensuite démarre la genèse du programme, avec la participation de 7 pays de l’union Européenne. Petit cours de géographie en même temps, on apprend que la Turquie est désormais membre de l’UE ! On n’est plus à une imprécision près… Sur fond de musique bien bourrine.
 9mn de film, on s’accroche, on continue.

Nous avons droit maintenant à quelque interview d’intervenant travaillant chez des sous-traitants, dont Messier. Première interview : Le monsieur de gauche parle, pendant que le monsieur de droite semble contenir un pet (si vous vous reconnaissez cher monsieur, je suis désolé… Mais ce n’est pas de votre faute, et un peu d’humour ne fait de mal à personne !)

 Et pour le bout de vidéo qui suit, j’hésite entre une mauvaise pub pour un dentifrice avec trois blouses blanches, ou des vidéos de promotion qui sont distribués dans les écoles pour promouvoir les métiers de l’industrie. Ils ont tellement de moyens à la prod, qu’ils nous ont mis des figurants un peu partout. Admirez la blouse blanche de milieu, on ne sait pas bien ce qu’il fait là, et lui non plus d’ailleurs. La blouse blanche de gauche a bien appris son texte, mais la posture est à revoir.

 A 11mn, pendant que le commentateur nous parle de certification civile, on voit ce qui semble être un TBM700, et un DR400. Pourquoi ? PFFRRRT (ça y est, le monsieur précédent a fini par se lâcher)
 Ensuite, on a encore droit à un nouveau chapitre, avec toujours cette musique qui me fait sursauter. Le chapitre s’intitule « de redoutables concurrents »

  Comme vous pouvez le voir ci-dessus, on nous présente des C17, hercules, AN70, AN-124 dans un encadré, avec quelque caractéristique, Jamais la vidéo des avions ne passe en plein écran, et il ne faut pas 45 secondes pour lire si peu de texte, mais je pinaille. Par contre il est annoncé que boeing propose une offre de leasing et que le Royaume Unis en possède 4 par via ce leasing. Oui mais non. Je ne sais pas de quand date ce DVD, mais la RAF a déjà racheté ces 4 appareils, et en a acheté 4 autres. Encore une imprécision, je commence à m’ennuyer et l’envie me démange de vérifier tout ce qui est dit dans ce DVD, c’est pour vous dire la crédibilité que je donne à ce reportage, qui n’est plus qu’à mes yeux qu’un film promotionnel plus que moyen pour Airbus et ses partenaires.

 Je commence à regarder les images sans trop faire attention aux commentaires, mais de temps en temps certaines affirmations me chatouillent, comme à 18’’40 « le turbopropulseur, qui a présenté quelque retards à ses début est développé par 4… » Bon vraiment faut arrêter le tir là ! Si on connaît un peu l’histoire chaotique de l’A400M, Airbus voulait intégrer un moteur étranger dans l’avion. Il lui a été imposé un partenaire européen, et c’est la raison pour laquelle le consortium Europrop a été créé. Nouveau moteur, temps de conception plus long. Et si l’on parle des retards du TP400, il faut aussi dire pourquoi. En majorité à cause d’un mauvais codage du FADEC, avec un prototype fonctionnel mais qui ne permettait pas une traçabilité suffisante pour aborder la certification civile. Rien que cela, et c’est plusieurs mois de réécritures qui ont été nécessaires. L’ensemble propulsif a aussi connu d’autres problèmes techniques, dont certains, même si ils sont « mineurs » sont en cours de résolution. 54 minutes de film, des gros blanc, et ne pas parler de ce qui est, ou alors à la surface de la surface…

 Le DVD étant avant tout destiné à ceux qui achètent Air & Cosmos, c’est-à-dire des industriels du secteur et des intéressés/passionnés, il faut y mettre un peu de contenu. On ne nourrit pas une princesse avec des pépitos !

Qu’est-ce que je fais, je continue ? Il reste 34 minutes de film tout de même… Aller courage, je le fait pour vous !

Aux alentours de la 24ème minute de film, on a droit à des auto-présentations des ingénieurs embarqués pour le premier vol. Une partie sont français, et rien que de les entendre parler Anglais vaut le coup de rester éveillé jusque-là. Ne vous inquiétez pas, c’est sous-titré, sauf pour un ingénieur anglais qui doit tellement bien parler la langue de Shakespeare, que les sous-titre associés à ses propos ont été oubliés au montage.

Remarquez, sans sous-titres c’est pas mal non plus. Morceaux choisis, les fautes ne sont pas de moi je vous rassure :

« Mon nom est Didier Ronceray. Je suis ingénieur d’éssais en vol »
« Mon nom est Jean-Philippe Cottet. Je suis ingénieur d’éssais à Airbus Military »
Je fais pas mal de fautes moi-même, mais je ne suis pas (encore) un professionnel. Par contre on dit je suis ingénieur A Airbus, ou CHEZ Airbus ? Une chose est sure, il n’y a pas d’accent à éssais, et pourtant l’erreur a été copié collée à chaque fois.
Je ne suis pas très fort en Anglais non plus, mais de ce que j’en ai entendu par rapport à ce que j’ai lu, les bilingues doivent bien rigoler. Ou pas.
Ha, attendez. Un peu plus loin, encore un accent en trop : « dans différentes configurations, et ensuite à préparer un attérissage en toute sécurité » Forcément, quand il manque un R on est bien obligé de rajouter un accent. C’est un stagiaire qui a fait la vidéo ? Elle sera publiée sur les blog skyrock non ? Franchement, autant écrire en SMS ça vous auriez gagné du temps…
Vous dites que j’exagère ? Ben regardez vous-même.

A ce moment, entre les interviews, différents angle de vue nous sont proposées. Elles se succèdent à une seconde d’intervalle, avec la bande son d’origine, c’est à la limite du supportable/grossier. C’est bien simple, on a l’impression qu’on a donné une zapette à un gamin et qu’il est en train de zapper frénétiquement entre toutes les caméras.
Ha, encore une faute : « Ensuite je prendrai les commandes pendant plusieur parties du vol »
Et là, une phrase que je n’ai pas comprise : « Je suis trés exité de voir comment la puissance de l’A 400 M » deux fautes, et un mot en moins, ou en trop.

Je sais que la critique est facile, et l’art difficile. Mais la coupe est pleine. C’est plus que de l’approximation ou un mauvais film. Venant d’un magazine qui est déjà pas mal critiqué dans le milieu, je me demande comment interpréter ce manque de sérieux, à part un Foutage de G… en règle. Les éditeurs d’Air & Cosmos auraient ils sorti cet hors-série en toute hâte, avant que le très attendu ouvrage prévu par M. Sparacco ne lui fasse de l’ombre ? Je n’en sais rien. Mais mon bébé pleure, il s’est réveillé plus tôt que prévu, et c’est tant mieux. Je ne savais plus que faire devant ce film à part vous en livrer mon impression.

Si les Gérard du documentaire aéronautique existaient, il serait hors concours.