Voici un extrait d’un article d’Aviation Week consacré au choix d’Israël d’acquérir le F-35. Il consacre une large part à l’intégration de matériel de guerre électronique au sein du système d’arme, mais tente d’expliquer – maladroitement – les raisons qui ont emmené les Israéliens à choisir cet avion.
The F-35’s stealth features have been a key reason for buying the JSF, but not the only argument for joining the world’s largest-ever defense acquisition. Low radar cross section is a niche capability, and new sensor technology advances can make it less important. China, India and Russia are already finding weaknesses in stealth as they develop it for their own advanced strike aircraft.
Traduction: [les caractéristiques de furtivité du F-35 a été une raison clé de l’achat du JSF, mais pas le seul argument pour joindre le plus important programme d’acquisition dans le monde. La faible surface équivalente radar est une capacité de niche, et les nouvelles technologies de senseurs peuvent la rendre moins importante. La chine, l’Inde et la Russie sont déjà en train de trouver des faiblesses dans la furtivité qu’ils sont en train de développer pour leurs propres avions d’attaque de dernière génération.]
“We think the stealth protection will be good for 5-10 years, but
the aircraft will be in service for 30-40 years, so we need EW capabilities [on the F-35] that can be rapidly improved,” a senior Israeli air force (IAF) official tells Aviation Week. “The basic F-35 design is OK. We can make do with adding integrated software.”
Traduction: [« Nous pensons que la protection offerte par la furtivité sera efficace pour les 5 à 10 ans à venir, mais l’avion sera en service pour les trente à quarante prochaines années, nous avons donc besoin de capacité de combat électronique qui puissent être rapidement améliorées » a raconté à Aviation Week un officiel de l’armée de l’air israélienne. « La conception de base du F35 est bonne. Nous pouvons donc ajouter des logiciels intégrés. »]
Voilà donc qui résume bien ma pensée sur ce programme. La furtivité, tout du moins la faible surface équivalente radar (SER), ne sera pas un avantage définitif. Elle peut déjà être contrée avec quelques astuces utilisées sur du matériel existant et en adaptant les tactiques employées, mais surtout, elle ne sera qu’un lointain souvenir lorsque les systèmes de détection futurs, qu’ils soient embarqués ou basés au sol ne feront plus la distinction entre un avion dit « furtif » ou un autre. Il ne restera alors au F-35 que la capacité offerte par son système d’arme.
Et c’est là toute la stratégie commerciale basée sur le mythe de la « cinquième génération » qui tombe à l’eau. L’argument de la furtivité ne pouvant tenir, les avions seront beaucoup plus difficilement « catégorisables », puisqu’il faudra alors comparer leur systèmes d’armes, ce qui sera, pour le grand public une tâche ardue, y compris pour les professionnels du journalisme qui ne pourrons faire qu’avec les chiffres et les caractéristiques fournies par les constructeurs et les armées. Autant dire… Mission impossible.
Les Israéliens, champions de la guerre électronique ne sont pas dupes. Ils comptent bien sur les capacités phénoménales offertes par les différents capteurs du F35. Et c’est là la véritable force de l’avion, lorsque les logiciels du système de combat seront développés, et qu’ils seront capables de fusionner et synthétiser les données provenant de l’ensemble des capteurs de l’avion. Ce n’est pas une mince affaire, et le seul constructeur à avoir tenter le pari est pour le moment Dassault aviation, dont le PDG avait lancé ce pic à destination de ses collègues d’outre atlantique: “”Je donne RDV au F-35 lors de l’intégration systèmes, les pbs rencontrés jusqu’à présent sont de classe maternelle”.
La furtivité n’est donc pas un Graal, et Israël n’en avait pas eu besoin lors de l’attaque aérienne d’une installation nucléaire en Syrie en 2007. La Syrie, dont tout le monde parle avait alors un réseau de défense anti-aérienne qui ne fait peu être pas parti des plus modernes, mais très certainement un des plus dense. L’attaque, menée par surprise, pouvait être comparée à une opération commando aérienne, avait usé de techniques de guerre électronique inédites, permettant une entrée et une sortie de la zone sans aucune perte. Alors que d’un autre coté, lors d’une campagne aérienne au-dessus de la Serbie, au moins deux bombardiers furtifs F117 furent touchés gravement, dont un abattu au-dessus du territoire hostile.
5 Comments
Gégé
Tout d'abord bravo pour ce blog que je viens de découvrir par hasard 🙂
Pour en revenir à l'article et le F-117 abattu en Serbie, les américains ont en quelque sorte pêché par excès de confiance. Je m’explique : les départ en mission des F-117 étaient tous sauf discret et connu de l’armée serbe, les couloirs d’approche des cibles plus ou moins les mêmes lors de chaque attaque. Bref, l'usaf a énormément facilité la tâche de la dca serbe 😉
Quand à la furtivité du F-35 je suis entièrement d'accord, d'ici une dizaines d'année elle sera caduque. Mais néanmoins je trouve qu'un avion furtif bardé ras la gueule de capteurs et contres mesures électroniques aura quand même un peu plus de chances de s'en sortir que le même avion sans aucune furtivité. La furtivité étant en quelque sorte un "bonus". Sinon pourquoi Dassault se serait cassé le cul à rendre la cellule du Rafale "discrète" ?
Bruno
Discret, c'est bien le mot. Le Rafale est le premier avion produit en France avec un objectif chiffré de réduction de la SER. Cette discrétion a été obtenue grâce à quelque astuces. l'absence de souris mobiles par exemple, a rendu l'avion plus discret, au coût de la perte de 0.2 mach.
Le F-35 est un veau. Une soute à armement sur un avion monomoteur rend sont aérodynamique inefficiente, avec une manœuvrabilité a peine équivalente à celle d'un chasseur des années 70 (aussi bon soit il c'est un pas en arrière), plus lent que ses contemporain avec une vitesse de pointe à Mach 1.6, un revêtement trop fragile qui nécessite de lourdes infrastructures pour mettre l'avion en conditions… Non vraiment, la discrétion à un coût c'est certain, mais pour le F-35, il en devient handicapant et sur le plan du coût, et sur le plan de l'efficacité opérationnelle.
Concernant le F117, celui qui avait été abattu n'avait pas non plus de protection de la part des avions de guerre électronique et sead/dead comme cela aurait dû être. La furtivité est donc loin d'être une recette miracle.
Antoine Romano
Quand la prochaine génération de radars arrivera les "furtifs" commenceront à avoir du plomb dans l'aile dans tout les sens du terme.
Dany84
Autre chose, une radar passif peut détecter un avion furtif a condition d'avoir un bon opérateur, et c'est comme cela que le F-117 a été abattu. Aussi, le fait d'allumer un radar (radar conventionnel) équivaut a allumer les phare sur une voiture la nuit, pour les radar a balayage électronique, je ne sait pas.
Bref, le F-35 sera déja dépassé lors de sa mise en service au Canada… si ont achete (svp faite que non)
Anonyme
Je ne crois pas en la furtivite, dans 10/15 ans, les progres en radar ou meme des images satelitte tres haute definition en feront des avions obsoletes… Tous les efforts au detriment des performance, prix exhorbitants n' auront servit a rien… Le Rafale par exemple ne ferra qu' une bouchee du F-35