En visite le 10 janvier sur des sites importants de l’industrie française de la défense, le ministre de la défense Jean Yves Le Drian s’est notamment rendu chez Dassault Aviation à Mérignac pour une visite au pas de charge, avant la remise du contrat de développement d’un nouveau standard du Rafale et de la signature du pacte de défense PME. Le portail des passionnés de l’aviation était présent au rendez-vous, et nous vous livrons ici toutes les informations que nous avons pu retirer de cette riche matinée.
Visite du site de Dassault Aviation à Mérignac
Durant deux heures environs, M. Le ministre, accompagné du PDG de Dassault Aviation M. Trappier, ont
visités les chaînes d’assemblage du Falcon 7X et du Rafale ; visite commentée pendant laquelle le ministre a pu découvrir des innovations de la chaîne de production, avec entre autre la présentation d’une tablette numérique sur laquelle les compagnons peuvent valider et assurer le suivi de l’avancement des travaux (allégeant au passage les kilos de documentation papier ainsi que toute la paperasse à signer manuellement), mais permettant aussi, côté assemblage Rafale de piloter à distance le contrôle des armoires électriques, ou permettant d’autres facilités améliorant la productivité des employés.
Au fond du hall Lindbergh où sont alignés les Falcon 7X à différentes étapes d’assemblage, on ne pouvait pas ne pas remarquer la présence d’un magnifique Falcon 50 Surmar flambant neuf, comme surlignant l’immensité lumineuse de ce hangar ou rien ne traine, et tout est propre… sauf une énorme tâche de café quelques mètres devant le tapis rouge menant au Falcon 50 (y’en a un qui a du entendre parler du pays…). La surveillance maritime offre une nouvelle vie opérationnelle aux quatre appareils servants auparavant au sein de l’ETEC, pour le transport du gouvernement. L’appareil présenté est le second appareil qui sera livré dans quelques temps, après un premier avion livré en septembre 2013. Les travaux ne sont pas anodins puisque l’avion a été littéralement découpé en deux, pour permettre le changement de nombreux équipement électriques, l’installation de larges hublots de surveillance, mais aussi de systèmes radar et optronique. Contrairement aux autres Falcon 50 Surmar, la trappe permettant de larguer une chaîne SAR en vol n’a pas été installée.
Devant un parterre de journalistes, élus, représentants des industriels concernés ainsi que quelques centaines d’employés de Dassault Aviation, mais aussi Thales, Safran et Fresson principalement, venus pour l’occasion, (rappelant au passage que le Rafale ne fait pas vivre que Dassault), M. Le Drian, après un discours de quelques minutes a officiellement remis le contrat de développement du standard F3R, d’une valeur de 810 millions d’euros (un peu plus d’un milliards en considérant un précédent contrat de levée de risque datant de fin 2013) dans les mains de M. Trappier, sous les forts applaudissements de l’assistance. Le signal envoyé aux industriels participant au programme Rafale est fort, et le message est clair. Malgré l’état des finances actuel, le ministre tient à souligner l’effort qui est fait dans le maintien de la capacité de la France à rester maître et indépendante dans le domaine des avions de combats. Le message claironne également à l’international, où les principaux prospects pourront être rassurés du fait que l’avion continue d’avoir le soutien de l’état.
Le nouveau standard F3R, et mises à jour futures
Le nouveau standard F3R comprend les études et essais liés à l’intégration du nouveau missile européen à longue portée Méteor, ainsi que l’intégration de la nouvelle nacelle de désignation laser en cours de développement par Thales. Sera ajouté le nouveau mode 5/S à l’IFF (identificateur ami-ennemi), des améliorations au niveau du Radar RBE2, et aussi l’ajout ou l’amélioration de fonctionnalités du système de guerre électronique Spectra.
Les programmes d’études Amont (PEA) Incas et Tragedac ne seront pas intégrés dans ce standard, mais dans un prochain, mise à jour plus importante qui interviendra pour la grosse amélioration du Rafale à mi-vie, aux alentours de 2020. Ces programmes d’études amont confirment aussi que le programme rafale est toujours activement en cours de développement. Nous reviendrons sur ces PEA dans un article dédié.
Le développement du standard F3R devrait arriver à son terme dans cinq ans, pour une qualification espérée mi 2018. La mise à jour étant principalement d’ordre logicielle, l’ensemble des avions en parc dans l’armée de l’air et la Marine Nationale seront alors mis à niveau très rapidement grâce un simple PC et un câble Ethernet…
Par contre, nous ne saurons rien du contenu exact de la mise à jour du système de guerre électronique du Rafale, le SPECTRA. Je me suis risqué à poser la question de savoir si le programme DEDIRA ferait parti du standard F3R, je n’ai pas obtenu de réponse directe. Au mieux j’apprendrai qu’il vole et fonctionne bien, mon interlocuteur du jour se contentera de cela en plus d’un sourire malicieux qui veut tout dire… tout en restant dans le flou le plus total. DEDIRA est un programme révélé dans Air & Cosmos, visant à réduire la signature Radar de l’avion. Si le démonstrateur de ce programme vole, alors il ne peut être embarqué qu’à bord du B301, qui avait d’ailleurs effectué un trajet sur la route pour effectuer quelques essais au centre d’essai de la DGA à Bruz. Coïncidence ? D’autres indiscrétions de militaires avaient permis d’établir pratiquement avec certitude de l’existence d’une fonctionnalité dite « d’annulation active » permettant au Rafale de se soustraire à la détection adverse en se basant sur les capacités de Spectra. Si le programme DEDIRA vole effectivement sur Rafale, et le B301 de développement n’ayant aucune modification d’ordre visuelle, l’anulation active du Rafale est une chose qui alors peut être plus ou moins confirmée comme étant au moins en cours d’étude.
Production du Rafale
Pendant son discours, M. le ministre a rappelé que l’actuelle loi de programmation militaire couvrant la période actuelle jusqu’à 2019 ne verra l’acquisition par la France que de 26 Rafale. Le Gie Rafale ne pouvant produire moins que 11 Rafale par an, le reste de la production, soit une grosse trentaine de Rafale sera alors vendu à l’export. Le Drian a rappelé que 2014 est une année où il sera totalement réaliste d’espérer une signature d’un premier contrat. Premier client visé, l’Inde. Ensuite, viennent les pays « du Golfe » qui, pour ménager leur susceptibilité ne sont pas cités en public par les autorités. Pourtant ils sont clairement identifiés, avec deux gros prospects, au Qatar et aux Emirats Arabes Unis. Au terme des livraisons exports, la suite de la quatrième tranche pourra être livrée aux forces françaises, ce qui a été confirmé par le ministre, qui a aussi évoqué la commande d’une cinquième tranche, nécessaire pour au moins atteindre la cible de 225 avions de combat Rafale à terme (lorsqu’il faudra remplacer les derniers 2000-5 et 2000D).
Programme de drone
Durant son allocution introductive, le discours de M. Trappier n’avait pas manqué sa cible en promouvant l’outil industriel de défense, et en rappelant son souhait de lancer deux programmes de drones. Le premier, un successeur au programme de démonstrateur Neuron, qui devrait être un programme franco-britannique d’avion de combat non piloté, et le second, un MALE de surveillance que le PDG de Dassault aviation nomme le programme MALE 2020.
La réponse ne s’est pas fait attendre. Lorsque M. Trappier a pris le micro, il a annoncé que le programme de drones de combat (UCAV, pour Unmanned Combat Air Vehicle en anglais) devrait, selon ses vœux être lancé conjointement dans le courant de cette année. Mais il est resté vague quant à la possibilité de lancer un programme de drone MALE, soulignant toutefois sa nécessité.
2 Comments
Badara GAYE
Je Félicite tous ingénieur et spécialistes de Dassault pour tous les efforts et travail qu'ils ont fourni pour mettre au point ce aussi super et parfait RAFALE mais je ne suis pas content des manageur ou commercial et ceux qui sont chargé des négociations pour vendre le RAFALE parce qu'actuellement tout chasseurs non furtifs qui doit être vendu sur le marché mondial doit être le RAFALE en majorité et aucun autre chasseur.
S'il vous plait activer vous pour vendre ce beau joujou de fer
Bruno ETCHENIC
Il ne faut pas s'en prendre aux équipes commerciales du GIE. Beaucoup de géopolitique entre en ligne de compte dans ce jeu là… lecture conseillée: http://portail-aviation.blogspot.fr/2013/11/le-rafale-lexportation-echecs-et.html