Le Hal LCA “Tejas” photo infian gov. |
Le Programme LCA Tejas
A la fin des années 70, devant le vieillissement de ses Mig 21 FL pour la plupart achetés en 1961, l’IAF ‘l’armée de l’air indienne a identifié un besoin pour un nouveau chasseur léger.
En 1983 est donc prise la décision de développer de façon entièrement nationale un nouvel avion destiné à les remplacer.
L’objectif n’était pas seulement d’obtenir un nouvel avion moderne, mais aussi de développer les capacités industrielles aéronautiques locales au niveau international. Pour cela, dès 1984, le gouvernement indien créa une agence, l’ ADA (Aeronautical Development Agency) chargée de coordonner les travaux des différents intervenants publics et privés. Le principal intervenant et intégrateur étant la compagnie d’ état Hindustan Aeronautics Limited
Dès 1986, le gouvernement indien alloue 37 millions d’euros au programme au titre de la phase de définition. Celle-ci sera effectuée avec l’aide de Dasssault Aviation comme consultant. Cette phase sera achevée en septembre 1988.
Le démonstrateur Technologique TD1 photo indian gov. |
Après une revue de la phase de définition, le gouvernement indien décide en 1990 de lancer le programme LCA (Light Combat Aircraft) en deux phases : la construction de deux démonstrateurs technologique (TD-1 et TD-2) puis de prototypes numérotés PV-1 à 5.
Le LCA sera un petit avion de la classe des 7 tonnes à ailes “double delta” sans empennage. Ce sera un avion “instable” (le centre de gravité de l’avion étant placé en arrière du centre de portance) à commandes de vols électriques de façon à le rendre plus maniable. Il sera en outre doté d’un cockpit “tout écran” et d’une suite avionique moderne.
Le “roll-out” du premier démonstrateur a eu lieu le 17 novembre 1995 et le premier vol le 4 janvier 2001, soit quarante ans après le dernier avion de combat construit en Inde, le “Marut”.
En 2003 l’avion franchira le mur du son et recevra son nom de baptême, le “Tejas” (“éclat de lumière”). C’est aussi cette année là que commencera la deuxième phase du programme avec l’arrivée des prototypes “PV”. Au cours des années suivantes, ceux ci serviront à affiner les commandes de vol et à intégrer les différents composants des systèmes de vol et d’armement.
En 2008 est fabriqué le premier avion de pré-série (LSP-1). 2010 sera une année charnière pour le programme, les avions recevant un radar multimode, des détecteurs d’alerte radar ainsi que de nouveaux équipements de navigation et de communication.
En 2013 le Tejas reçu son IOC (Initial Operational Capability) et le premier avion de série (SP-1) est produit.
Le défi technologique proposé était énorme. En effet l’inde n’avait plus produit d’avion de chasse depuis les années 60! Cinq technologies critiques avaient été identifiées:
– Maitrise des la fabrication de structures en composites.
– Capacité à concevoir et fabriquer d’ une suite avionique moderne comprenant cockpit “tout écran” à afficheur multifonctions.
– Conception et fabrication d’un radar doppler multifonction
– Fabrication d’un réacteur double flux avec réchauffe
– Mise au point de commandes de vol électriques.
Matériaux utilisés pour la fabrication du Tejas. graphique “Gagan11111” |
Au moins deux de ces objectifs ont couronnés par de francs succès, le procédé de HAL pour la production de composite étant par exemple utilisé sous licence par… Airbus! Les composites représentent 45% du poids de la structure de l’avion, soit plus que le Rafale.
Le cockpit du Tejas. Photo indian gov. |
La conception du cockpit fut aussi achevée de façon positive, même si les afficheurs en eux même proviennent de Sextant Avionique et Elbit.
Le radar multimode est le résultat d’une joint-venture israélo indienne entre le DRDO (Defence Research and Development Organization) et IAI (Israel Aerospace Industries).
La suite de guerre électronique Mayavi devrait à terme comporter des détecteurs de départ de missile fonctionnant dans l’infrarouge et l’ultraviolet, des détecteurs d’illumination radar et laser, des éjecteurs automatiques de leurres thermiques et de paillettes ainsi que des brouilleurs intégrés. Dans l’interim, une suite d’origine israelienne fabriquée par Elbit Systems a été intégrée.
Le système de commandes de vol électrique à quadruple redondance a été mis au point en collaboration avec Lockheed Martin. Cette collaboration a été interrompue suite à un embargo américain en 1998, mais les concepteurs indiens de l’avion ont réussi malgré tout à finaliser son intégration.
Les plus gros soucis de développement sont venus de la motorisation. A l’origine, un moteur indien “Kaveri” (à admission variable!) devait propulser l’avion. Malheureusement, si les performances en poussée sèche ont été nominales, la poussée avec réchauffe s’est avérée très insuffisante lors de tests effectués en Russie sur un avion d’essai. Il semblerait que les parties chaudes du moteur et l’incapacité à maîtriser parfaitement la technologie des aubes monocristallines soient en cause. Le Tejas Mark I est donc muni de réacteurs américains General Electrics F-404.
L’architecture avionique est à 70% formée de composants LRU (line replacable unit) indiens, selon une architecture ouverte et évolutive.
Caractéristiques de l’avion
Vue orthographique du Tejas graphique DRDO |
Le Tejas est un avion de 6500 kgs à vide, pour une longueur de 13,2m, une envergure de 8.2m et une hauteur totale de 4.4m.
Sa masse au décollage en configuration lisse est de 9500 Kgs pour une masse maximale au décollage de 13200 Kgs. Son emport hors carburant est donc d’environ 3700 Kgs.
Capable d’atteindre la vitesse de Mach 1.6, il supporte des facteurs de charge de -3.5 à +8g.
Son plafond opérationnel maximal est de 15 Kms. Son rayon d’action ne serait que de 300 Kms selon le site de HAL, ce qui semble faible. Néanmoins, les futures versions devraient être ravitaillables en vol.
A l’heure qu’il est la nature exacte des armements qui seront intégrés au final n’est pas précisée. On sait qu’il a été testé avec des missiles AA-11 russes, mais il devrait au final être équipé de missile israeliens Derby et indiens Astra. On peut retrouver sur le site oficiel de l’avion ce schéma représentant les points d’emport de l’avion :
3 Comments
Anonyme
Bravo Yves, une très bonne synthèse de ce programme et un éclairage sur son historique ! JP S
looping
Bravo, concis et précis!
Et merci
Looping
Anonyme
Ce qui m’étonne c'est le calage important de la voilure.
Sinon bon article